Les routes sont des infrastructures essentielles, qui nécessitent des investissements considérables pour leur développement et leur entretien. Tout comme nous l’avons fait pour le coût de la SNCF, cet article vise à démystifier les coûts associés à l’infrastructure routière en France, en distinguant clairement entre les dépenses d’infrastructure et les coûts liés à l’achat de services utilisant ces infrastructures par les collectivités territoriales. Nous nous baserons pour cela sur les chiffres de l’année 2023.
Coût de l’infrastructure routière
Le tableau suivant récapitule les montants alloués à l’infrastructure routière, en distinguant les dépenses d’investissement et les dépenses de fonctionnement.
| Investissement | Fonctionnement | |
| Routes et voiries communales | 2.5 | 1.3 |
| Routes et voiries intercommunales | 2.3 | 1.0 |
| Voirie départementale | 3.5 | 1.3 |
| Autres services départementaux liés à la voirie | 0.4 | 0.6 |
| Voirie nationale (part régions) | 0.2 | 0.0 |
| Voirie régionale | 0.3 | 0.1 |
| Autres services de voirie régionaux | 0.1 | 0.0 |
| Développement des routes nationales (P203) | 0.5 | 0.0 |
| Régénération des routes nationales (P203) | 0.6 | 0.0 |
| Entretien des routes nationales (P203) | 0.0 | 0.3 |
| Développement et modernisation du réseau routier national et renforcement des ponts (P364) | 0.1 | 0.0 |
| Total Financement de l’infrastructure routière | 10.5 | 4.6 |
| 15.1 | ||
Les montants totaux s’élèvent donc à 15,1 milliards d’euros en 2023 pour l’infrastructure routière, avec des dépenses d’investissement atteignant 10,5 milliards d’euros, contre 4,6 milliards d’euros pour le fonctionnement. Ces chiffres soulignent l’importance des investissements dans le développement et la régénération des infrastructures routières, indispensables pour maintenir un réseau capable de répondre aux besoins croissants de mobilité.
Coût des services utilisant les infrastructures routières
Au-delà des coûts d’infrastructure, les collectivités territoriales financent également des services de transport public utilisant ces routes, de même que l’Etat aide également les citoyens à acquérir des véhicules plus propres. Ces services sont cruciaux pour la mobilité des citoyens, en particulier dans les zones périurbaines et rurales. Le tableau suivant récapitule ces coûts.
| Investissement | Fonctionnement | |
| Aide à l’acquisition de véhicules propres (P174) | 1.3 | 0 |
| Transports publics communaux | 0.2 | 0.6 |
| Transports publics intercommunaux | 0.4 | 1.5 |
| Transports publics départementaux | 0.4 | 0.2 |
| Transports publics régionaux hors ferroviaire | 0.2 | 2.4 |
| Total Achat de services | 2.5 | 4.7 |
| 7.2 | ||
En 2023, les collectivités et l’Etat ont donc dépensé 7,2 milliards d’euros pour financer l’achat de services utilisant les infrastructures routières ou l’acquisition de véhicules propres, dont 4,7 milliards en fonctionnement. Cela comprend des aides pour l’acquisition de véhicules propres, ainsi que le financement des transports publics à différents niveaux (communal, départemental, régional).
Coûts indirects : les externalités du transport routier
Il est essentiel de ne pas limiter l’analyse des coûts des routes aux seules dépenses directes. En effet, le transport routier génère des externalités importantes, souvent invisibles dans les budgets mais très réelles pour la société.
- Pollution de l’air : Le coût sanitaire de la pollution de l’air causée par le trafic routier est difficile à quantifier précisément, mais se chiffre en dizaines de milliards d’euros. Un rapport sénatorial de 2015 estimait déjà ce coût à des niveaux alarmants [source].
- Insécurité routière : Selon le rapport 2022 de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR), les coûts liés à l’insécurité routière sont estimés à plus de 50 milliards d’euros [source]. Ce montant inclut les coûts directs (soins, réparations) et indirects (pertes de productivité, indemnisations).
- Bruit : Le bruit généré par les routes a un impact social significatif. Une étude de l’ADEME et du Conseil National du Bruit en 2021 a évalué le coût social du bruit des routes à 81 milliards d’euros [source]. Ce chiffre reflète l’impact sur la santé mentale, la productivité, et la qualité de vie des citoyens.
Conclusion : Vers une complémentarité des modes de transport
L’analyse des coûts liés aux infrastructures routières et aux services associés montre que les routes représentent une part considérable des dépenses publiques en France. Toutefois, ces investissements doivent être mis en perspective avec les externalités négatives du transport routier, telles que la pollution, l’insécurité et le bruit, qui pèsent lourdement sur la société.
Pour une politique de transport durable et efficace, il est essentiel de considérer les routes non pas comme des infrastructures en concurrence avec d’autres modes de transport, mais comme un maillon complémentaire dans un système de transport intégré. Chaque mode de transport a un domaine de pertinence qui doit être optimisé en fonction de ses avantages spécifiques et des objectifs de la transition écologique.
La complémentarité entre les modes de transport, qu’il s’agisse de la route, du rail ou des transports fluviaux et maritimes, doit guider les décisions publiques pour maximiser l’efficacité des dépenses tout en minimisant leur impact environnemental. En tenant compte des impératifs de la transition écologique, il est crucial de développer une stratégie de transport cohérente, où chaque mode contribue de manière optimale à la mobilité durable et au bien-être des citoyens.
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Note méthodologique :
Les chiffres utilisés sont issus des sources suivantes :
- Rapport de l’OFGL (Observatoire des Finances et Gestion publique Locales)
- Chiffrage des actions des différents programmes budgétaires de l’état issu du travail réalisé dans l’article sur le budget national des transports.